top of page

Le (Non)-projet

Selon Sarah...

Pourquoi partir? Cette éternelle question du « Pourquoi? ». Combien de fois ne nous l’avons nous pas posée? La question est bien légitime, me direz-vous. Certes.

​

On la retrouve également sur la plupart des blogs ou sites de voyageurs. Comme s’il fallait à tout prix trouver une raison d’être à son voyage. Comme si la simple envie de prendre la route ne pouvait suffire.

​

Pourquoi, vous demanderais-je plutôt, faut-il toujours avoir à justifier son aventure? Pour les autres? Pour la famille? Pour les appuis financiers? Pour y croire soi-même?

​

Depuis notre plus jeune âge, il nous est demandé de motiver chacune de nos actions, comme si aucune d’elle ne pouvait simplement émaner d’un désir ancré au plus profond de nous; un besoin instinctif qui nous attire depuis la nuit des temps. Pourquoi ne pas répondre simplement à cet appel de l’ailleurs, de la connaissance, de l’autre? Pourquoi toujours y chercher une explication, une raison? 

​

Pourquoi rester aussi? Personne ne se pose-t-il jamais cette question? Comme si l’inertie de la sédentarité était la norme, comme si le nomadisme devait rester l’exception. Pourquoi ne pas renverser cette tendance? Après-tout, les Premiers Hommes n'étaient-ils pas nomades?

​

A l’heure où il faut affubler son voyage d’un "projet", d’un "objectif" ou d’un "fil conducteur", nous prenons le parti de justement n’en proposer aucun. Et il n’y a à y voir ici aucun concept (ce sera là détourner notre propos), juste une prise de position dans un monde où toute entreprise doit toujours se voir justifiée, défendue par des idées capitalistes de rendement et de résultats. Nous roulons pour le plaisir de rouler, voyageons pour le plaisir de voyager sans se chercher un quelconque prétexte pour partir. 

​

Nous ne roulons pour aucun sponsor; nous ne roulons pour aucune association; nous ne roulons pas pour les autres; nous ne roulons pas pour être branché; nous ne roulons pas parce qu’il faut avoir fait son tour du monde; NOUS ROULONS pour nous, pour une quête de nous-mêmes, une quête spirituelle sans doute aussi. Nous souhaitons déconstruire notre monde et créer notre propre réalité, notre propre histoire loin du formatage de notre société. Un éloignement physique et mental pour prendre du recul sur le monde qui nous entoure (et nous asphyxie certainement aussi).

​

Nous n’avons rien à prouver à personne ni même à nous-mêmes: nous laissons la route nous surprendre, qu’elle suscite en nous le meilleur comme le moins bon. Qu’elle nous mette face à nos limites et nos doutes, qu’elle révèle nos forces et nos faiblesses. Qu’elle nous rende plus forts, plus humbles et plus tolérants. Qu’elle chasse nos peurs, bouscule nos certitudes et nous fasse voir le monde sous un angle nouveau.

Selon Raphael...

Tels les caravaniers d'une époque révolue, nous partons dans l'espoir de découvertes et de rencontres, mais sans enjeux, ni objectifs spécifiques.

 

Nous partons simplement pour contempler la terre et ses parallèles, les êtres qui la peuplent, son relief et le ciel au-dessus de nos têtes.

​

Nous partons pour prendre le temps d'écouter ce qui nous entoure, sentir les éléments, voir des crépuscules aux horizons sans fin et des aurores éclairer les matins du monde.

 

Nous partons réveiller nos sens endormis par notre vie sédentaire passée dans les villes.

 

Nous partons confronter notre volonté à la route, affronter nos peurs et nos doutes.

 

Nous partons pour nous enrichir de toute altérité et apprendre, car chaque instant de quête peut-être un instant avec son cœur.

​

Alors, inspirons-nous du vent, libre, qui va et vient, sans jugement, traverse les montagnes, les cités et les océans, bouge à travers l'espace, sans frontières, se manifeste puis s’efface. Il est invisible aux yeux mais dessine les nuages, il mord la peau ou caresse les visages. Force insaisissable, il contraint à l'humilité, la patience et l'endurance.

 

Alors, allons écouter les battements de la terre, rouler sur son dos, se laisser griser par sa beauté, faire un tour en bicyclette, pour faire un tour de soi-même. 

bottom of page